De plus en plus d’agences de recrutements et de responsables RH s’appuient sur le réseau social, qui cartonne, pour débusquer les perles rares.

Avec la crise économique qui pointe son nez, mieux vaut avoir son profil LinkedIn à jour. Pour débusquer le candidat idéal, les recruteurs sont de plus en plus sensibles à son contenu. « Le profil LinkedIn donne une première image globale du candidat avant de le rencontrer, confie Claire Hébert Stauss, responsable du recrutement aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). On obtient pas mal d’informations sur la personne, on peut y voir comment elle présente son parcours, les sujets qui l’intéressent ou encore les personnes avec qui elle a collaboré jusqu’alors.» Vous voilà prévenus si vous êtes à la recherche d’un nouveau défi.

Cet élément est à garder en tête à l’heure où la crise du coronavirus pèse sur la conjoncture et fait grimper le chômage en Suisse. Car tous les responsables en ressources humaines se font une idée des candidats au travers de LinkedIn. « Nous allons voir ce qu’ils likent comme sujets, lire leurs commentaires et découvrir leurs centres d’intérêt pour déterminer s’il y a une cohérence avec les postes visés, confirme Robin Gordon, directeur général du cabinet de recrutement Interiman Group. Nous le faisons systématiquement lors de la première phase de sélection des candidats.»

« Incontournable »

L’utilisation de ce réseau social s’est largement répandue ces dernières années. « LinkedIn est devenu incontournable », souligne-t-il. La tendance s’accélère même. « Nous, on recrute sur LinkedIn », ajoute le directeur général.

Les firmes concurrentes sont sur la même longueur d’onde. « Nous avons une collaboration globale avec LinkedIn qui a pris beaucoup d’ampleur depuis deux ans », s’enthousiasme Anthony Sorlin, directeur chez Page Group à Lausanne. Cela lui permet de s’affranchir des frontières. «Si je recherche quelqu’un en affaires réglementaires pour l’industrie pharma, j’aurais la capacité de toucher des gens aussi bien en Suède qu’en Allemagne», illustre-t-il.

Ce succès dope les résultats de LinkedIn. Les chiffres de la société, rachetée en 2016 pour 27 milliards de dollars par Microsoft, sont éloquents. Avec près de 700 millions d’utilisateurs dans le monde, la société a vu ses revenus dépasser les 2 milliards de dollars au premier trimestre de cette année, soit le double d’il y a quatre ans.

Quelles sont les clés de cette réussite ? « L’outil est précieux pour nous aider à faire face à l’un de nos principaux défis, à savoir maintenir nos bases de données à jour », révèle Robin Gordon. L’usage du réseau social permet aux agences de placement ne pas se retrouver avec des CV vieillissants dans leurs systèmes lorsqu’elles recherchent un candidat. « En général les données sont à jour sur LinkedIn, assure-t-il. Car les personnes qui créent leur compte savent que c’est un endroit qui donne une visibilité sur leurs compétences. » Les candidats oublient rarement d’intégrer à leur profil les derniers certificats obtenus dans le cadre de formations continues.

Les HUG en sont également friands. « Sur la base d’un forfait annuel, nous l’utilisons comme plateforme de diffusion et de ciblage, explique Claire Hébert Stauss. C’est un outil fort utile pour repourvoir les postes aux profils spécifiques, tels les informaticiens, ou dans la finance, voire parfois même pour les médecins. » À l’heure actuelle, près d’un poste sur deux ouverts aux HUG se retrouve sur LinkedIn. Ces derniers n’utilisent pas la version la plus pointue du site, LinkedIn Recruiter, qui propose une sélection ciblée de profils. « Elle est davantage destinée aux chasseurs de têtes », précise Claire Hébert Stauss.

La concurrence sous pression

Les agences de recrutement utilisent cette option. « Toutes nos agences ont au moins un abonnement Recruiter», souligne Robin Gordon. Un abonnement qui coûte environ 4500 francs par an. En moyenne, un poste sur cinq est repourvu chez Interiman en puisant dans le vivier LinkedIn. En clair, le réseau social est devenu irremplaçable. « Cela peut aussi se révéler être un miroir aux alouettes, tempère Anthony Sorlin. On peut y passer beaucoup de temps pour des résultats parfois médiocres, car beaucoup de personnes sont inactives sur leur compte.» Il n’empêche, les plateformes spécialisées JobUp, Johdi ou encore Jobeo ont affaire à forte concurrence.

Pour preuve, des formations à l’utilisation de LinkedIn destinées aux chômeurs ont été lancées. « Des modules que nous proposons au travers de notre filiale Humanys qui leur permet d’augmenter leur visibilité sur LinkedIn », détaille Robin Gordon. Un élément de poids pour retrouver un job à l’heure où l’horizon économique se couvre.

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